Textes

Paresse et gourmandise,

Par un souffle d'air pour agiter les branches. Le soleil écrase de ses rayons la nature engourdie. Seules les abeilles s'affairent, bourdonnantes et travailleuses. Un bourdon, de son vol lourd et paresseux, fait plier la tige gracile d'une fleur. L'air vibre de chaleur.

Marguerite soupir d'aise. Allongée sur la berge, elle écoute le chant cristallin de l'eau qui cour tout près. Elle n'a pas envie de bouger. Elle est si bien. La mousse lui fait un coussin moelleux et frais. De temps à autre, un poisson saute pour gober un insecte. Le temps passe. Elle sommeille...

Du coin de l'oeil, elle observe une mouche qui vient de se poser sur un galet, tout près d'elle. Marguerite ne bouge pas, se demande si elle aura le courage. Il fait si chaud.
Elle est belle cette mouche. Noire et luisante. Les pattes légèrement velues. Elle est en train de se désaltérer d'une goutte d'eau trouvée dans un creux de la pierre.

Marguerite se dit qu'il faudrait qu'elle bouge. La mouche aura bientôt fini de boire.

"C'est vrai que je n'ai pas besoin de bouger beaucoup" pense-t-elle "Un tout petit effort et hop !"
Elle hésite encore. Allez, c'est décidé, il faut agir.
Rapide comme l'éclair, Marguerite déploie sa langue gluante. La mouche n'a rien vu, elle n'a pas eu le temps. Elle est déjà dans l'estomac de Marguerite.

Finalement, elle n'est pas aussi bonne qu'on aurait pu le croire. Et puis, décidément, il fait trop chaud. D'une seule détente de ses longues pattes arrières, Marguerite s'est propulsée dans l'eau fraîche. Elle finira sa sieste à l'abri d'un nénuphar.